Gérer les émotions de l’enfant durant la crise du Coronavirus
© Kato Peeters

Gérer les émotions de l’enfant durant la crise du Coronavirus

La situation pandémique exceptionnelle que nous traversons a un impact sur petits et grands à plus d’un titre. Et notamment sur le plan des émotions ressenties. Comment pouvoir les repérer chez l’enfant, qu’elles soient clairement exprimées ou non, afin d’y apporter une réponse adéquate.

 


Quelles émotions peut ressentir un enfant face à cette situation ?

 

Parmi les émotions de base [1], la joie, la colère, la peur et la tristesse peuvent être particulièrement ressenties dans une situation de confinement telle que nous la traversons.


Plus précisément, c’est certes la joie pour certains de ne plus avoir de travail scolaire mais c’est aussi et surtout la tristesse, voire la colère, de ne plus pouvoir retrouver les copains à l’école ou en dehors, et de ne plus pouvoir faire des activités de loisirs. Et puis, c’est aussi la peur, l’inquiétude de ce qui pourrait arriver : est-ce que j’aurai toujours à manger ? Est-ce que la maladie va entrer dans ma maison ? La mort va-t-elle frapper mes grands-parents ?


Enfin, de manière générale, les enfants peuvent avoir le sentiment, parfois bien réel, de perdre le contrôle d’un quotidien qui ne fait plus sens. L’important est de pouvoir reconnaître ces émotions, de les entendre, de les accueillir et de tenter d’y apporter une réponse.




Quelles émotions les parents peuvent-ils générer chez leurs enfants ?

 

Le comportement d’une personne affecte plus ou moins celui des personnes qui l’entourent.


Ainsi, une peur chez l’enfant peut aussi être héritée du vécu des parents. Les enfants sont perméables aux émotions de leurs parents, que ces derniers les expriment verbalement ou non. Les parents doivent en être conscients et chercher à être le plus rassurant possible. Il n’est pas ici question de faire comme si tout allait bien mais d’accepter un niveau d’inquiétude sans paniquer.




Gérer les émotions des enfants : rassurer, informer et organiser



RASSURER

Il faut pouvoir offrir aux enfants un endroit où ils se sentent en sécurité, protégés par les mesures prises par le gouvernement et appliquées par les parents. Leur dire aussi que cette situation est exceptionnelle mais qu’elle ne sera pas éternelle. Elle aura une fin. Cela leur permet de se projeter dans un futur positif, dans des projets. Les parents ou adultes les entourant doivent veiller à adopter un comportement (non-verbal) rassurant, calme et tranquille. Il ne s’agit pas de masquer les éventuelles inquiétudes vécues mais de démontrer qu’on peut faire face et s’adapter.


Dans le même esprit, l’enfant à qui l’on indique comment, à son niveau, il peut prendre des mesures préventives (lavage des mains, usage de mouchoirs en papier, toux dans le coude, etc.) aura le sentiment de récupérer du contrôle sur la situation, ce qui aura pour effet de diminuer son anxiété.



INFORMER

Répondez aux questions ou aux inquiétudes qui se manifestent plutôt que de les susciter. Ainsi, il vaut mieux ne pas répondre à une question qui n’est pas formulée. Par contre, quand des questions se manifestent, il faut se montrer disponible et répondre de manière adaptée à l’enfant.


Tenez éloignés les enfants d’informations trop inquiétantes, discutez avec eux de ce qu’ils savent déjà et entendez leurs soucis. Les plus âgés gagneraient à être sensibilisés aux informations mensongères (fake news) afin qu’ils ne se perdent pas dans un monde essentiellement émotionnel, voire complotiste.


Enfin, si des changements organisationnels doivent être appliqués au quotidien, parlez-en aux enfants afin qu’ils les comprennent et puissent les intégrer au mieux. Sur le plan de la pratique comme sur le plan des émotions.

 


ORGANISER


Assurer une routine au quotidien avec des heures de lever et de coucher régulières, avec les traditionnelles collations, les temps de repas, d’écran, etc. permet de remettre de la normalité dans l’anormalité. Certains opteront pour un programme pour structurer le quotidien, d’autres adapteront les règles ou créeront de nouvelles habitudes, idéalement en prévoyant des temps où les parents s’occupent des enfants et d’autres, quand l’âge le permet, où ils sont autonomes dans leurs activités.


Ceci est important pour tenir dans le temps. Les enfants peuvent être associés à la conception du programme familial, cela les rend acteurs de leur planning.




Gérer les émotions des enfants : rire, garder les liens et bouger


RIRE
 

Rire a plusieurs facettes. Il nous rapproche des autres quand nous partageons des images, des vidéos sur les réseaux sociaux et par-là il maintient des liens mis à mal par un confinement. 

Mais le rire a aussi des effets psychologiques puisqu’il augmente l’immunité physiologique sur le stress et participe dès lors à une baisse de la tension, générant un sentiment de détente. Rire de la situation permet aussi de prendre l’espace d’un instant des distances avec elle et avec l’anxiété qu’elle génère. 



BOUGER

Prendre l’air, capter la lumière du soleil, se défouler a des vertus apaisantes. Le simple fait de se balader à l’extérieur aide à se détendre, surtout en période de confinement où l’espace est réduit. La marche, la course à pied, le vélo permet aux enfants de libérer des tensions éventuellement accumulées et de prendre un bol d’air vivifiant. Cela les décharge d’un stress difficilement évitable dans une situation aussi exceptionnelle et nous donne l’occasion de retrouver des activités en famille !



En conclusion, il est normal que les enfants ressentent des émotions particulières dans la situation pandémique actuelle. Soyons attentifs à ce qu’ils expriment et essayons d’y répondre adéquatement, notamment en organisant un nouveau quotidien et en leur rappelant que cette situation aura une fin.




Sandrine MATHEN

Licenciée en Psychologie clinique



Rédigé à partir de : Lies Scaut & Erik de Soir (2020). Avoir peur du Corona virus ? Guide pour les parents et les enseignants. Brochure éditée par De Weg Wijzer – Centre d’expertise du trauma et du deuil, Leopoldsburg.

 

 

[1] https://sites.uclouvain.be/ipsp/recherche/projets/FaceTales/Emot&PsychoT2Ch1.pdf