Les enfants peuvent être victimes de "noyade sèche"
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Les enfants peuvent être victimes de "noyade sèche"

Lors d’une baignade, il arrive qu’un enfant « boive la tasse » et, une fois sorti de l’eau, respire tout à fait normalement. Néanmoins, quelques heures plus tard, il peut éprouver des difficultés respiratoires qui nécessiteront une hospitalisation d’urgence.

 


Initialement, la noyade sèche n’était constatée qu’à l’occasion d’autopsies, lorsque des médecins légistes examinaient des noyés décédés et relevaient l’absence d’eau dans leurs poumons. Depuis quelques années, on observe cependant que certaines personnes, surtout des enfants, peuvent développer des lésions pulmonaires retardées à la suite du même phénomène de noyade sèche.


 

Que se passe-t-il exactement ?


Lorsque quelqu’un se trouve immergé sous l’eau, il a le réflexe de bloquer sa respiration mais à un moment donné, il ne peut s’empêcher de reprendre de l’air, ce qui provoque l’inondation des poumons. Les noyades sèches sont donc assez rares.


La présence d’eau dans l’arrière gorge peut provoquer un spasme laryngé qui empêche une inondation massive des poumons. Cependant une quantité minime d’eau, par exemple, lorsqu’un enfant « boit la tasse », peut malgré tout pénétrer dans les poumons. Si cela passe inaperçu initialement, des conséquences peuvent se manifester à terme.

 


Par quels mécanismes ?


Les efforts respiratoires sur une glotte fermée peuvent provoquer des lésions des alvéoles pulmonaires par les différences de pression occasionnées. Cela peut mener à un œdème pulmonaire aigu qui peut se développer plusieurs heures plus tard.


Phénomène plus aigu, la présence de minimes quantités d’eau peut entraîner une crise d’asthme. Dans les deux cas, une hypoxie – la diminution de l’oxygène disponible dans le sang – peut causer des lésions cérébrales et peut mener à l’arrêt cardiaque.


On estime que les noyades sèches appelées aussi « noyades secondaires » représentent 2% des noyades.

 


Au moindre doute, que faire ?

Il ne faut pas dramatiser la situation d’un enfant qui boit la tasse. Néanmoins, il convient d’être attentif durant les heures suivantes à l’apparition de difficultés respiratoires qui doivent amener à consulter un médecin, particulièrement si l’enfant est déjà asthmatique.


Les enfants n’exprimant pas forcément de petites difficultés respiratoires, il est utile de leur demander régulièrement s’ils perçoivent une quelconque différence dans leur respiration. On notera aussi des sifflements respiratoires, des lèvres qui prennent une couleur légèrement bleutée ou le sommet du thorax qui semble s’enfoncer à l’inspiration.


N’oublions pas que ce phénomène peut aussi toucher les adultes.

 


Rappel: les 4 phases de la noyade


Un petit rappel peut être intéressant. On classe traditionnellement les noyades en quatre stades par ordre croissant de gravité :


L’aquastress : la victime panique, a des gestes désordonnés et tente de se maintenir à la surface tout en s’enfonçant dans l’eau à de multiples reprises. Il n’y a pas d’inhalation de liquide. Cette phase n’attire pas forcément l’attention des témoins car la victime peut simplement paraître s’amuser dans l’eau.


La petite hypoxie : la victime commence à être épuisée, elle est toujours à la surface de l’eau, toujours consciente mais une petite quantité d’eau a déjà pu pénétrer dans les poumons et l’estomac. La victime tousse. Sa température corporelle diminue, sa peau devient bleuâtre.


La grande hypoxie : la victime ne se maintient plus à la surface, elle est complètement épuisée et perd conscience. Une grande quantité d’eau a été inhalée.  La tension artérielle diminue, des anomalies du rythme cardiaque apparaissent. La victime ne respire quasi plus.


L’anoxie : après plusieurs minutes, la victime n’est plus consciente, ne respire plus et ne montre plus de signe d’activité cardiaque. Une grande quantité d’eau a été inhalée, rendant toute respiration impossible.




Docteur Frank VAN TRIMPONT



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