La prise de drogues : quels risques cardiaques ?
© S. van Malleghem

La prise de drogues : quels risques cardiaques ?

Si les arythmies sont bien connues dans le cas de toxicologie aux drogues, mais aussi bien décrites dans le cas d’éthylisme chronique, qu'en est-il lors d’une consommation minime d’alcool, non habituelle, chez un jeune avec prise de cannabis concomitante ? Quels risques cardiaques liés à ces substances et à leurs mélanges ?

 
Les drogues douces : marijuana et résine de cannabis

La plupart des drogues douces ont une action sur le système cardio-vasculaire. Elles sont souvent génératrices d’arythmies qui ne présentent qu’un risque mineur sauf chez les sujets ayant des antécédents cardiaques. Il est cependant important de signaler que les effets arythmogènes peuvent apparaître chez des sujets particulièrement sensibles pour des doses extrêmement réduites.

Le cannabis, consommé sous forme de joint contenant soit de la marijuana (feuilles), soit du haschich (résine), peut causer une tachycardie supra-ventriculaire modérée ainsi qu’une vasodilatation. La tachycardie est un rythme cardiaque rapide qui peut entraîner des vertiges, des étourdissements ou des palpitations dans la poitrine. La tachycardie supraventriculaire désigne les arythmies dont la source se situe en haut des ventricules. 

 

Les opiacés : où se situent les risques ?

Un shoot d’héroïne a peu d’effets arythmogènes mais la consommation d’héroïne à long terme peut néanmoins entraîner des troubles cardiaques. 

Mais il ne faut pas oublier, dans les complications cardio-vasculaires, tous les effets secondaires dus à l’usage de matériel souillé tels que les endocardites et myocardites. 

 

Les stimulants : des conséquences plus importantes

La cocaïne, comme toute drogue excitante, va provoquer le plus souvent une tachycardie supra-ventriculaire. En outre, chez certains sujets, une diminution du rythme cardiaque ou son irrégularité (bradycardie) peut être constatée. De même la cocaïne peut provoquer une hyper ou hypotension artérielle. Elle peut aussi être responsable de troubles du rythme auriculaire comme une fibrillation.
L’usage de seringues souillées expose le patient au même risque que l’héroïne.

L’ecstasy présente également des risques cardio-vasculaires dont le plus important réside dans une augmentation critique de la pression artérielle. Des troubles du rythme rapide, le plus souvent des tachycardies supra-ventriculaires peuvent se rencontrer, généralement favorisées par la déshydratation du patient ; l’ecstasy provoque en effet une hyperthermie et une sudation importante.

D’autres drogues sont moins connues ou plus anciennes. C’est le cas du LSD, du PCP, anesthésique à usage vétérinaire dans les années ’60, de la mescaline ou la kétamine, anesthésique encore actuellement employé en médecine. Les deux premières ont un effet tachycardisant, tandis que la mescaline sera davantage bradycardisante.

Enfin signalons que les solvants volatiles, colles, dissolvants à vernis, éther, essence ou peinture provoquent souvent une bradycardie. Leur usage prolongé peut même provoquer un arrêt cardiaque. 

 

Les mélanges alcool-drogues : quels effets ?

L’alcool seul, même en utilisation aigue, entraîne rarement une arythmie. En chronique, il peut cependant provoquer des troubles du rythme cardiaque. L’alcool peut également être la cause d’une hypertension, elle-même responsable de graves risques cardiaques.

La combinaison de l’alcool et de drogues peut faciliter l’excitabilité myocardique et ces effets peuvent être graves chez des sujets ayant des antécédents cardiaques. Ainsi, une accélération du rythme cardiaque peut être fatale chez un patient ayant déjà eu un infarctus ou un jeune ayant été opéré à la naissance suite à une malformation cardiaque.



Frank VAN TRIMPONT
Docteur en médecine,
Directeur Certificat Gestion des Situations d’Exception ULB  

 
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