Intrusion armée dans un établissement scolaire : que faire ?
© Kato Peeters

Intrusion armée dans un établissement scolaire : que faire ?

Les écoles peuvent faire face à des risques d'intrusion malveillante – voire armée. Quelles procédures et vigilance mettre en place avant tout incident ? Comment réagir en cas d’agression ?

Nos deux articles précédents sont axés sur des questions notamment d’infrastructure mais également sur l’efficacité de l’accueil au sein des écoles et ils visent à anticiper ces risques. Cependant, ils ne répondent pas encore à la question de la réaction à avoir en cas d’intrusion. Sans être exhaustif, nous proposons quelques réflexes à adopter.

Quelles mesures prendre avant tout incident ?

Se tenir informé des risques ou du niveau de la menace via des canaux officiels est certainement un réflexe primordial. Ensuite, aborder les questions de procédure en réunion de service et lors d’exercices afin de connaître les bons réflexes avant, pendant et après une crise permet à chacun de connaître son rôle. 

Le plan interne d’urgence permet quant à lui de formaliser ces procédures où vont entrer en scène des services de secours externes. Ainsi par exemple, le modèle de la Fédération Wallonie Bruxelles reprend divers scénarios sous forme de recommandations allant de l’incendie, jusqu’aux intrusions armées. 

Eviter la routine par des sensibilisations générales lors de journées pédagogiques par exemple, mais également lorsqu’une faille dans une procédure ou un dispositif est constatée, reste de la responsabilité non seulement de la direction de l’établissement mais aussi de tous les acteurs. Il ne s’agit pas de fustiger mais plutôt de s’améliorer.

La proactivité exempte de routine est primordiale lorsqu’il s’agit de relever des situations ou des comportements suspects. Localiser une menace, identifier celle-ci, prendre une décision et réagir semblent des éléments utiles pour décoder une situation. Cette boucle de décision n’est d’ailleurs pas spécifique aux intrusions.

Que faire au moment de l’intrusion ?

Se questionner sur les motivations de l’auteur est certes intéressant mais n’aide en rien à la gestion de la situation. On peut malheureusement retenir que le seul objectif de l’auteur sera de faire un maximum de victimes en un minimum de temps.

Dès qu’un incident est constaté, il s’agit de prévenir immédiatement les services de police, mais également d'avertir les acteurs de l’établissement (enseignants, élèves, personnel administratif ou ouvrier).
Concernant la police, en cas d'appel direct au 112 ou au 101, il faut indiquer à l'opérateur en ligne le lieu de l’évènement, donner son identité et ses coordonnées d’appel ainsi que l'endroit où l’on se trouve, la nature et l’ampleur de l’évènement, le nombre de personnes présentes et le cas échéant une estimation du nombre de victimes. Ces informations prioritaires aideront la police à orienter leurs premiers intervenants.

Au niveau des utilisateurs, il s’agira de déclencher le processus d’information prévu et connu de tous en cas d’intrusion armée. Pour ce faire, différents moyens existent : un mégaphone à sirène même si un système indépendant reste l’idéal, (comme par exemple un système d'alarme vocal), etc. A l’heure du développement des messageries instantanées, l’utilisation d’un groupe dédié aux situations d’urgence permet de rapidement diffuser l’information.

En fonction de la localisation de l’incident (et de sa progression), deux grandes options sont communes à l’ensemble des recommandations que l’on peut trouver pour la gestion des intrusions armées : fuir ou se cacher. Elles sont dépendantes de la situation. Il est impossible et utopique de déterminer si, de manière conceptuelle, l’une doit être privilégiée par rapport à l’autre.
En cas de fuite, lorsqu'on est certain que le ou les auteurs ne se trouvent pas dans les parages et que fuir ne présente pas de risques, les chemins d’évacuation et les sorties de secours prévus lors d’un incendie seront utilisés si ceux-ci donnent directement accès vers l’extérieur du site. Une fois à l’extérieur, il s’agira de suivre les indications des secours pour trouver refuge dans un lieu sécurisé.

Si la fuite n’est pas possible, l’enseignant doit mettre les élèves à l’abri en les regroupant dans un angle mort de la classe/de l'atelier le plus éloigné possible des fenêtres et de la porte. Les élèves devront se coucher par terre, ne pas couper leur téléphone portable mais le mettre sur silencieux. Les points d’accès dans le local seront barricadés en fermant si possible à clé et en poussant rapidement du mobilier devant ceux-ci. Enfin, les sources de lumières seront coupées et le silence sera demandé à tous.

Enfin, rappelons qu’en cas de barricadage, il y a lieu d’attendre l’arrivée de la police pour sortir du local en question, il est hors de question de se déplacer d'initiative dans l'établissement. Il ne faudra pas se formaliser des injonctions données (par exemple sortir en levant les mains). Rappelons que les policiers, dans ce type de situation, doivent rapidement faire la différence entre victimes et auteur(s) potentiel(s).


La série d’articles :
Recommandations pour sécuriser les accès à un établissement scolaire
Sécuriser les établissements scolaires : l’accueil en première ligne
Intrusion armée dans un établissement scolaire : que faire ?



Lionel HOUGARDY
Licencié en criminologie

Ressources :
Recommandations en cas d’intrusion dangereuse dans le bâtiment (AMOK)
https://www.iremos.fr/blog/intrusion-attentat-comment-les-etablissements-enseignement-preparent-les-campus
https://centredecrise.be/fr